L'état d'esprit:



C'est certainement la chose la plus essentielle, la choses primordiale, car sans elle aucun AB n'existerait. L'état d'esprit est l'étincelle qui provoque cette envie régressive et infantile.

D'où cela vient-il et comment cela se manifeste t-il ?

C'est une question très épineuse, et qui obtient autant de réponses qu'il existe d'AB sur cette planète. On peut dire que généralement, il y a toujours une phase ou un moment déclencheur. Et cela est bien souvent à l'origine une réaction à quelque chose de négatif. Que cette négativité ait été suscitée par un évènement traumatisant de manière "active" ou de manière beaucoup plus latente par une prise de conscience de la perte d'innocence, d'amour et de protection que procurait l'enfance. Et là-dessus, il existe encore une fois une multitude de profils, mais en règle générale les AB sont des personnes très "intelligentes" (au sens de l'intelligibilité du monde) et très sensitives qui peuvent parfois avoir du mal à se confronter à la dure réalité du monde tel qu'il est.

D'après les nombreuses discussions qui émanent des groupes et communautés sur le net, cela se manifeste en générale très tôt. Dès l'adolescence voir la préadolescence pour certains. La prise de conscience est assez rapide, sans que la cause en soit forcément perçue tout de suite. Cela est une analyse qui se fait beaucoup plus tard. Mais c'est tout simplement comme un instinct qui pousse à vouloir revenir en arrière d'une manière ou d'une autre. Alors, cela se fait tout d'abord par l'imagination et le jeu (très personnel puisque l'on ne met en général personne dans la confidence...).

Le passage à l'acte est quant à lui très différent d'une personne à l'autre, et des opportunités. Certains ont "piqué" des couches et des affaires de puériculture dans leur entourage, tandis que d'autres se sont fabriqués des "couches artisanales" (souvent des serviettes de toilettes) tout en conservant secrètement des "peluches". Cela avec plus ou moins de succès, avec ou sans surprises, avec ou sans découvertes fortuites. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'en règle générale, on se sent seul. On se demande d'ailleurs si l'on est pas le seul à être comme cela. Mais encore une fois c'est une démarche qui intervient par indentification à la société et aux autres. Il y a surtout un sentiment de culpabilité à cause d'une famille et d'une société qui nous pousse à grandir et à suivre un chemin bien précis (enfance, adolescence, vie adulte: famille, enfants...) ce qui est déjà en soit une grande source de stress.

Le temps de la découverte:

Alors on commence à mener des recherches là ou l'on peut: dictionnaires, encyclopédies (et franchement mettez vous un peu à la place de nos ancêtres qui n'avaient ni minitel, ni internet) et des livres en tous genres. On découvre aussi des références dans la culture populaire en voyant des épisodes de cartoons régressifs (tom&jerry, les razmokets, d'autres classiques...) et de larges références aux femmes-enfants (c'est là qu'on se rend compte qu'en tant qu'homme nous n'avons pas le droit à la régression du point de vue social). Et surtout, dans les livres, on découvre un terme: infantilisme ou autonepiophilie. Et là, on se dit que l'on est pas le seul puisque cela a été "recensé".

Et les années 1990 permettent d'accéder à internet et pouvoir se connecter au monde entier. Et là on tombe sur des sites "sociaux". Que cela soit ABkingdom, ABy ou autres premiers sites ayant existé sur la toile .On découvre les origines des premiers groupes et associations, on apprend que l'infantilisme est une pratique aussi vieille que l'humanité, et l'on se déculpabilise un peu plus. Surtout, on découvre que c'est un monde organisé. On prend alors un peu plus confiance en soi et l'on se met à espérer de pouvoir trouver la personne idéale pour partager cette vie, et pourquoi pas partager ce "jeu" qui fait partie de nous.

Et c'est le début de la découverte en profondeur d'un monde plein de ressources, avec ses univers, ses "magasins", ses figures et ses codes. La pratique de l'infantilisme devient alors de plus en plus structurée dans notre vie, et on commence à trouver un équilibre entre ce que l'on doit être (adulte) et ce que l'on voudrait être (bébé). Mais cela est un jeu d'équilibre qui varie selon les périodes dans le temps. Et surtout selon la configuration de vie personnelle de chacun. Cela dans la mesure où certains AB sont plus courageux que les autres dans leur ouverture à l'autre. Pour certains, ce sera une vie secrète, pour d'autre un secret partagé avec plus ou moins de succès. Ce qui n'est pas du tout évident à faire. Car cela demande soit un grand courage, soit une grande confiance en soi (et surtout de ne pas être honteux d'être BA).

L'infantilisme au quotidien :

intellectuellement, l'infantilisme se caractérise encore une fois par une manifestation très variée d'un individu à l'autre selon le rapport qu'il entretient avec cette partie de lui. Soit il est complétement à l'aise, et cela ne pose pas de problème. Soit parcontre, il n'est pas à l'aise avec cette partie de lui-même par auto-évaluation ou parce que sa vie et son entourage sont une remise en cause permanente de ce qu'il est (et dans ce cas c'est dangereux car c'est un cas de souffrance permanente).

Pourtant, le cas de sérénité est très rare à trouver chez les AB. Nous sommes bien souvent beaucoup plus dans le cas d'une acceptation partielle de ce que nous sommes. Et cela se traduit par ce que l'on nomme un cycle de "purge".

Selon les situations, et le stress qui intervientt dans notre vie, l'infantilisme resurgit plus ou moins facilement dans nos gestes et nos attitudes qui deviennent infantiles dans l'optique de nous réfugier et de nous rassurer. Soyons honnêtes, le bébé n'est jamais très loin. Mais toujours est-il que c'est la première phase. Celle de l'a manifestation. On entre donc dans un cycle de "jouissance" dans la mesure où l'on va se mettre à pratiquer l'ageplay, à vouloir avoir des temps pour nous relaxer en temps de que bébé.

Cela jusqu'au moment, plus ou moins rapide, où nous atteignons le moment magique qui est une "apogée" au sens véritable du terme parce que nous nous sentons bien. Cela se manifeste de manière très différente d'un individu à l'autre. Cela peut résulter par le fait de s'endormir sereinement comme d'en tirer une forme de jouissance physique.

Cependant, une fois que ce moment est atteint, nous rentrons dans une "redescente" ou une sorte de "bad trip" qui est principalement fait de culpabilité; d'auto-incompréhension voir de dégoût (c'est à ce moment que tout ce qui est "bébé" disparaît littéralement de la vue...). Et ce moment est plus ou moins intense selon le fait qu'il se heurte ou non à la solitude et au secret de cette pratique. En effet, un AB qui est compris et soutenu dans cette démarche sera beaucoup moins impacté par cette "mini-déprime" que quelqu'un qui ne l'est pas du tout, voir qui est "condamné" et incompris par rapport à cela.

En résumé le cycle de purge se résume comme cela:

[début] Enclenchement ( déclic, stress ...) ==> Jouissance ==> Apogée ==>Redescente/Bad Trip [fin]

Et même un AB qui vit sa passion 24/24 et 7/7 traverse ces phases. Cela même si c'est beaucoup moins intense, et de manière plus encadrée par un ou une partenaire qui veille au grain.

Dans tous les cas, on peut généralement déceler ces périodes:

==>L'enclenchement:

C'est une période qui est surtout caractérisée par une envie profonde de "faire le bébé" qui revient à la surface chez l'AB. Des envies de jeux, de moments enfantins, de se faire materner (ou parterner) qui parcourent l'esprit. C'est une phase qui s'accompagne généralement par l'apparition de certains signes comme l'envie de prendre son pouce, sa tétine, un doudou... On a alors aussi tendance en tant qu'AB à rechercher beaucoup plus d'affection, à être plus calin et plus tactile.

==> La jouissance:

C'est la période où nous sommes installés dans notre position de "bébé". L'état d'esprit est bien là, nous avons l'humeur joyeuse, nous voulons rigoler, nous amuser. Cela passe par des moments simples: biberon, change (seul ou non), repas. Cela passe aussi par le jeu, les dessins animés, la sieste, la relaxation, le "dodo". C'est une véritable bulle et une ambiance au sein de laquelle il n'y a pas de stress et dans laquelle le monde extérieur n'existe pas. C'est une période qui permet avant à l'AB de se recentrer sur lui pour ce qu'il est en tant que tel avant d'être ce qu'il est au sein de la société.

==> l'Apogée:

C'est là encore beaucoup plus difficile à expliquer par son caractère imprévisible. Ce qu'il y a de sûr c'est que cela intervient toujours après la phase de "jouissance" qui est tout simplement la phase de "jeu". Cette apogée peut intervenir par une rupture émotionnelle avec une réelle jouissance physique, ou tout simplement par le fait de devoir mettre fin à cette situation pour des nécessités pratiques. Ce qui implique de redescendre sur terre. C'est quelque part le point de non retour. On pourrait imager cela en disant "circulez! il n'y a plus rien à voir!".

==> La descente ou le "Bad Trip":

C'est une phase qui est encore une fois très différente selon la situation personnelle. Acception personnelle ou non, secret ou non, acceptation du conjoint ou non...etc. Mais c'est en règle générale une période assez pénible d'interrogation et de questionnement sur le fait de savoir le pourquoi et le comment. Là où il n'y a pas forcément de réelles réponses à trouver à part une cause profonde. On se rend compte avec le temps que l'infantilisme fait réellement partie de nous, et que l'on ne peut pas y faire grand chose (et bon sens! n'allez pas voir les psy...d'une part ils n'y connaissent rien...d'autre part ils vous diront n'importe quoi ou empireront les choses) et que l'on est pas un danger pour la société. Pourtant c'est une période qui peut être faite de dégoût, d'incompréhension et qui conduit parfois au rejet de l'infantilisme plus ou moins longtemps. C'est le moment où l'on range les affaires, où l'on ne touche plus aux "doudous" et où on redevient un "homme" ( une "femme")! un vrai! Mais le bébé est toujours là, tapis dans l'ombre comme une âme sauvage et farouche. Il n'attend que l'instant propice pour sortir de sa boîte à ressort et faire "bouh!".

Et c'est là la réalité de l'état d'esprit AB. Cette âme d'enfant qui reste dans l'ombre jusqu'au moment où elle ne peut plus être contenue. Cela jusqu'au moment où elle disparait parfois avec perte et fracas pour revenir parfois de manière beaucoup plus forte. Et l'on comprend alors mieux la signification du terme "adulte-bébé" et de ce jeu d'équilibre entre deux personnalités, deux états d'âme chez une même personne. Dire qu'un AB est lunatique serait peut-être un peu fort...parce que c'est un terme très négatif (pour ne pas dire péjoratif) mais c'est pourtant quelque part ce qui s'en rapproche le plus dans ce qu'on peut trouver au sein de l'imaginaire populaire.